Combats pour l’enfant
« Les élevages rationnels de chevaux, de vaches, de volailles, se multiplient de tous côtés. La science les anime et l’État les protège (…) Chaque département a des comices agricoles, des concours régionaux, où l’on distribue solennellement à la plus belle vache, au plus beau cheval d’importantes récompenses en argent, des médailles d’or, des parchemins, voire des objets d’art d’une parfaite hideur administrative. Et dans les banquets qui clôturent ces fêtes, à l’heure émouvante des toasts, messieurs les députés se répandent, sur la graisse des cochons, la viande des bœufs, la laine des moutons, en éloquence lyrique. (…) Par exemple, des enfants, il n’est jamais question. Il faut croire qu’ils ne font pas partie, comme les cochons, de la richesse nationale. Ils s’élèvent. comme ils peuvent, au petit bonheur ! S’ils ne peuvent pas s’élever et vivre. eh bien, ils meurent !… Ça n’a pas d’autre importance ! Ils ne donnent ni œufs, ni beurre, ni lait. On ne les mange pas quand ils sont gras… »
Octave Mirbeau, Le Journal, 12 décembre 1897
Octave Mirbeau est l’un des premiers à s’être battus pour les droits des enfants contre tout ce qui les opprime :
- LA FAMILLE bourgeoise du dix-neuvième siècle, qui étouffait leurs potentialités ; qui leur transmettait le « legs fatal » des préjugés ; et qui les mettait à la merci d’une autorité paternelle tyrannique : « Ah ! combien d’enfants, compris et dirigés, seraient de grands hommes peut-être, s’ils n’avaient été déformés par cet effroyable coup de pouce au cerveau du père imbécile, » Cf. notamment Le Calvaire et Dans le ciel.
- L’ÉCOLE, qui reposait sur une discipline stupide autant qu’odieuse ; qui dégoûtait les élèves au lieu d’éveiller leur sens critique et leur curiosité ; qui les abrutissait de connaissances inutiles ; et qui ne préparait aucunement les enfants, dûment crétinisés, à assumer plus tard leurs responsabilités d’adultes. Mirbeau y voyait « le meurtre d’une âme d’enfant » (Sébastien Roch).
- L’ÉGLISE, qui leur inculquait le mépris du corps et des plaisirs ; qui leur distillait le poison de la culpabilité et l’obsession du péché (cf. L’Abbé Jules) ; et qui leur remplissait le crâne d’« effarantes balivernes » : « Je n’ai qu’une haine au cœur, mais elle est profondément vivace : la haine de l’éducation religieuse », par laquelle « lentement, scientifiquement, s’accomplit la déchéance de tout ce qu’un cœur d’enfant peut contenir de grandeur, de justice et de conscience futures. » (Combats pour l’enfant, Ivan Davy, 1990, p. 165 et p. 157).
- L’ARMÉE, qui transformait impitoyablement les rescapés en chair à canon et en machines à tuer, à piller et à violer. Voir le deuxième chapitre du Calvaire et le dernier chapitre de Sébastien Roch.
Soucieux du bien-être matériel et de l’épanouissement intellectuel, affectif et sexuel des enfants, Mirbeau a dénoncé la politique nataliste des gouvernements soucieux avant tout de préparer la guerre de « Revanche » contre l’Allemagne et prêts à sacrifier des millions de jeunes ; et il a plaidé pour le contrôle des naissances (néo-malthusianisme), qui seul permettrait de n’avoir d’enfants que si on a les moyens de les élever convenablement.
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Au sujet de : La grève des électeurs
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Mirbeau dreyfusard
Octave Mirbeau est un des grands combattants de l’Affaire. Mais son rôle a été longtemps occulté ou sous-estimé. Il est grand temps de rendre tardivement justice au justicier. En 1883, à l’époque où…
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Réglement de compte avec les « pourrisseurs d’âmes » (1898)
Dans cet article intitulé « Souvenirs » publié dans le journal L’Aurore le 22 août 1898, en plein Affaire Dreyfus, Octave Mirbeau établit un lien entre le mensonge de l’État Major et l’éducation…