Publié chez Ollendorff, chez qui ont déjà paru tous les romans qu’Octave Mirbeau a rédigés comme nègre, Le Calvaire est un roman très largement autobiographique, où le romancier transpose, pour s’en purger, sa dévastatrice liaison de près de quatre années avec une femme galante, Judith Vinmer, rebaptisée ici Juliette Roux.
De 1880 à la fin de 1883, Octave Mirbeau a été la proie — consentante, semble-t-il — d’une dame de petite vertu à la cervelle d’oiseau, mais apparemment fort recherchée sur le marché de la galanterie, Judith Vimmer, qui lui a fait gravir les marches d’un crucifiant calvaire, jusqu’à ce qu’il fuie son douloureux esclavage, fin décembre 1883, et se réfugie au fin fond du Finistère, à Audierne. C’est là que, pendant sept mois, il va peu à peu s’efforcer de revenir à la vie, de reprendre pied parmi les hommes, de se remettre au travail et, progressivement, de se reconstruire. Il lui faudra encore mortifier sa chair au cours d’une randonnée, de Marlotte à Bourbon‑l’Archambault, en juillet 1884, avant de retrouver la capitale et ses miasmes morbides, et d’entamer sa rédemption.